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Le Blog du GSU
8 octobre 2014

Le football sera de gauche ou ne sera pas

« Ce que je sais de la morale humaine, c’est au football que je le dois. » Si Albert Camus réitérait cette phrase en 2014, il y aurait fort à parier que sa vision de l’homme serait bien pessimiste… Transferts mirobolants, salaires qui atteignent des sommets, corruptions et sport-business, le football semble atteint d’un mal profond. Incurable, vraiment ?
 
 
 
FOOTBALL DURABLE. A l’été 2013 était lancée à l’initiative du ministère des sports une « commission pour un football durable » présidé par le député (PS) Jean Glavany. Projet aussi intéressant que vite enterré.  Pourtant les idées sont légions pour sortir le football de l’impasse dans laquelle il se trouve, en premier lieu desquelles l’actionnariat populaire. Ce projet vise à permettre aux supporters d’un club d'acquérir collectivement des participations dans le capital de celui-ci. Car les clubs sont bien plus que des entreprises classiques, ou plutôt le devraient. Générant un attachement local particulier et des valeurs humaines et sportives, ce sont de véritables biens sociaux, que l’actionnariat unique conduit trop souvent au plus grand désordre. Promouvoir l’actionnariat populaire dans le football, c’est admettre que ce sport est avant tout une affaire collective, un élément patrimonial et social. C’est aussi refuser que le club devienne hors-sol, coupé des forces vives du territoire dont il est issu. C’est enfin refuser une dépendance excessive vis-à-vis d’une seule entité, dont le départ du jour au lendemain peut provoquer la disparition brutale d’un club. C’est d’ailleurs grâce aux supporters, qui ont réussi à lever près de deux millions de livres que le club anglais de Porthmouth a pu être sauvé d’une disparition certaine, repris en main par les amoureux de ce club centenaire.
 
En Allemagne, les clubs doivent impérativement appartenir à 50% à leurs supporters. Et ce n’est certainement pas un hasard si la ligue allemande est considérée comme une des plus saines d’Europe, avec des résultats toujours aussi impressionnants, tant sportivement qu’économiquement. Car permettre aux supporters de détenir une part de leur club, c’est accroitre leur pouvoir de décision autant que soutenir un système plus éthique, démocratique et stable. «On attend souvent des supporters qu'ils payent seulement leur abonnement et regardent leur club, parfois très mal géré. Mais si on leur donne la possibilité de participer aux décisions, leur présence va responsabiliser les dirigeants » explique Ben Shave de Supporter Direct, fédération d’associations de supporters basée en Angleterre. Pourtant en France, l’actionnariat populaire reste encore modeste.
 
A coté de l’actionnariat populaire, d’autres mesures pourraient venir « réformer » le football et combattre ses maux. L’endettement des clubs d’abord, qui ne cessent d’exploser. Les deux finalistes de la Ligue des champions, le Real de Madrid et l’Atletico Madrid cumulent à eux deux le milliard d’euro de dette ! Le « salary cap » (plafonnement des salaires) déjà mis en place à Saint-Etienne ou en ligue 2 italienne permettrait de stopper la hausse des salaires. A titre d’exemple, la masse salariale du club de Manchester City dépasse les 200 millions d’euros. Plafonner les indemnités de transferts semble également la prochaine étape, tant il apparait qu’une bulle spéculative plane au dessus du monde du ballon rond. Sans aucun rapport avec le réel, le transfert de Gareth Bale vers le Real de Madrid pour un montant supérieur à 100 millions d’euros en est l’illustration. Le Fair play financier mis en place par l’UEFA* et qui consiste à sanctionner un club qui dépense plus qu’il ne génère d’argent est une première étape dans une rationalisation du football, mais qui ne suffira pas. Transparence, lutte contre la corruption, rôle des agents de joueurs, autant d’enjeux que devra résoudre les instances dirigeante du foot. C'est à ces conditions seulement que les bases d'un football durable, empreint des valeurs de gauche, pourront être posées. 
 
 
Jean-Baptiste Werquin
 
*l’UEFA, présidée par le Français Michel Platini, est l’instance dirigeante du football européen.
 
 
 
Pour plus d’infos sur l’actionnariat populaire, voir le travail colossal de l’association A la Nantaise
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