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Le Blog du GSU
14 avril 2014

La suppression des APL : erreur de la gauche, menace pour les étudiants, frein pour l’avenir

 

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Source : Ouest France

Sous la pression étudiante, la droite avait reculé sur la suppression de l’allocation-logement APL pour les étudiants. Aujourd’hui, pressé par les économies et sur proposition de la Cour des comptes, la rumeur court que le gouvernement, cette fois de gauche,  étudierait la possibilité de sa suppression. Que cette rumeur soit fondée ou non, cette idée doit être écartée car voir les études supérieures comme un poids financier plutôt qu’un investissement est une erreur grave et nuisible pour l’économie.

 

Politique de gauche et politique de droite

 

Qu’est-ce qui différencie une politique de gauche d’une politique de droite ? La question aujourd’hui mérite d’être posée. Ce qui est au centre d’une politique de gauche se résume à une seule chose : la lutte contre les inégalités. Il est important aujourd’hui de le rappeler. La gauche lutte contre les inégalités : inégalités sociales, inégalité des chances, inégalités hommes/femmes, inégalités devant une économie devenue incontrôlable. Telle est la mission d’un Etat de gauche.

Sur la question précise de l’éducation,  je commencerai par cette phrase de Jean Jaurès sur la question des écoliers: « Et cependant ce seront des travailleurs, des citoyens et des hommes, et, à tous ces titres, et pour les luttes et pour les joies de la vie, ils ont droit aussi à un enseignement qui soit aussi plein et aussi complet à sa manière que celui qui est donné aux enfants de la bourgeoisie. »  Cette phrase la gauche devrait toujours s’en souvenir et s’appuyer sur elle pour construire ses politiques d’éducation. Tel doit être son objectif : faire en sorte que le fils d’ouvrier et le fils de cadre puissent recevoir la même qualité d’étude. Nous pouvons être fiers d’avoir un système qui contrairement à d’autres pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni offre des frais de scolarité si peu élevés. Si nous sommes fiers de ce système et bien conservons le et renforçons le. François Hollande pendant sa campagne avait annoncé que sa priorité serait la jeunesse et l’éducation. Cette jeunesse qui est frappée de plein fouet par la crise, le chômage et la précarité. Vous l’avez dit vous-mêmes Monsieur le Président pendant la campagne, c’est par  cette jeunesse que le pays avancera et sortira de la crise. Alors épargnez-la !

 

L’APL est un investissement et non une charge

 

Si l’APL coûte chez à l’Etat, cette dépense permet à des étudiants de pouvoir étudier. Cette allocation est d’environ 170 euros par mois pour un revenu moyen étudiant de 610 euros selon une étude BVA Sodexo de mai 2012. C’est une aide dont beaucoup d’étudiants peuvent difficilement se passer sans risquer une précarisation de leur vie quotidienne. Et ce d’autant que les logements des grandes villes universitaires tournent entre 400 et 500 euros par mois. Avec le taux de chômage important que nous connaissons tous, il devient de plus en plus difficile de trouver un job étudiant.

Ces quelques chiffres rapides permettent de mesurer l’important non négligeable de cette aide pour les étudiants. Sa suppression compliquerait le quotidien d’un certain nombre d’étudiants voire en dissuaderait de faire des études. Or des étudiants bien formés, ce sont des étudiants qui apportent une valeur ajoutée sur le marché du travail. Or investir dans l’enseignement c’est investir pour l’avenir puisque comme le dit Jaurès, ces étudiants ce seront les futurs dirigeants et entrepreneurs de demain. Sans les bourses, aides et facilités d’accès aux études, Mme Belkacem par exemple aurait-elle pu faire Sciences Po et arriver là où elle en est aujourd’hui ? Toutes ces aides permettent aux plus défavorisés d’avoir accès aux études et aux meilleurs d’entre eux d’avoir un diplôme à la hauteur de leur mérite et accès à des grandes écoles. D’autres grands pays notamment les pays scandinaves ont un système de bourses bien plus généreux que le nôtre, conscients de toute l’importance de telles dépenses.

Dans son discours de politique générale, le Premier-Ministre a déclaré vouloir redonner du pouvoir d’achat aux Français qui ont souffert de la crise. Nous ne pouvons que le suivre dans cette voie. Mais il ne faut pas oublier que 80% des revenus des étudiants proviennent encore des familles. Leur supprimer ces 170 euros c’est 170 euros de moins pour les familles.

 

Réduire les dépenses oui, mais avec un objectif de justice sociale

 

Nous savons que l’Etat a besoin d’économie. Et là encore qu’est-ce qui différencie une politique de réduction des dépenses de gauche et de droite ? Celle de gauche doit être une réduction qualitative et non quantitative. Il faut aller au-delà des chiffres et voir derrière une dépense les femmes et les hommes qui sont derrière. La droite a coupé les dépenses publiques, sans discernement sur celles qui doivent être coupées et celles qui ne le doivent pas. La gauche doit faire mieux avec toujours à l’esprit cette idée d’égalité et de justice sociale.

La mesure proposée par la Cour des comptes prévoit de maintenir ces APL pour les boursiers. L’idée de moduler ces droits en fonction des ressources pourrait paraître légitime. Seulement, tout le monde sait que le système de bourse est imparfait. Si les plus démunis doivent être aidés en premier, le système en oublie une partie des classes moyennes qui n’est pas éligible au système de bourse mais qui malgré tout ne peuvent se passer de cette allocation. Les classes moyennes ont déjà payé un lourd tribut des dernières lois budgétaires. Il serait difficile pour eux de leur enlever l’une des dernières allocations qu’il leur reste.

 

La réforme plutôt que la suppression arbitraire

 

Il est bien entendu que ce système n’est pas parfait et que des modifications sont souhaitables. Aussi la gauche est en mesure de faire ces réformes afin d’améliorer la justice du système. Des économistes tels que Thomas Piketty ont par exemple proposé la création d’un « revenu jeune » rassemblant à la fois les bourses et les différentes aides avec un socle commun pour tous les étudiants et le reste modulable en fonction des revenus de la famille. Un tel système est un exemple pour donner plus de sécurité, d’autonomie aux jeunes et à la fois une plus grande lisibilité et équité du système. 

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